AZUL
1. Ce qui n’a que l’apparence de ce qu’il prétend être : on nous propose un simulacre de concertation. Synonymes : imitation - reproduction - semblant.
Chemin faisant JeunePeintre
1. Ce qui n’a que l’apparence de ce qu’il prétend être : on nous propose un simulacre de concertation. Synonymes : imitation - reproduction - semblant.
C’est bien plus tard, avec le recul de mes amis que j’ai compris qu’il s’agissait non plus là de travaux isolés les uns des autres. Les images que j’avais filmées au Portugal correspondaient au parcours de mon père des années auparavant, certains plans dialoguais naturellement avec ses VHS. Les photomontages de moi s’incrustant dans les photos de famille datant d’avant ma naissance racontaient aussi ce sentiment “d’à côté.” Cette volonté maintenant consciente de recoller les morceaux.
Dans les colis de ma mère y a souvent de la nourriture, la plupart déjà périmées, ça pue, ça coule, a la poste, j’ai honte, mais depuis longtemps, c’est sa façon de me dire ses choses. Je lui dis jamais que c’est périmé, je lui dis que ça me réchauffe le cœur et c’est vrai. Peu importe le contenu carte, dessin, photo, chorizo, saumon, café soluble, biscuit, j’ai 13 ans pour elle comme pour moi quand il s’agit de ces colis. La dernière fois, je n’ai rien pu manger.
C’est à n’y rien comprendre, de l’impression (laser, ou jet d’encre) au collage, du médium à son application, ces temps d’attente, 2 heures, 4 heures. En trois mois, j’ai appris autant que j’ai désappris sur cette pratique. L’éponge pleine de papier me fait mal à la tête. Ma patience en dents de scie. La frustration elle, constante, avec toujours cette impression de simulacre.
J’y allais avec l’ambition d’en filmer chaque seconde, sans idée de réalisation. Donner à voir la rencontre des yeux du jeune Homme au souvenir de l’enfant, sur ce village, ma mère, D’enregistrer les bruits, les lieus, les odeurs si j’avais pu. Bouleversement total rien n’avait bougé si ce n’est moi, j’ai compris bien plus tard que j’avais cessé de vivre avec ma mère en même temps qu’avec le Portugal, a 14 ans 1 semaine et 3 jours de rush plus tard, je me mis à monter ces images aux 144 carreaux sur la base de quelques rares photos prise lors de mon séjour.
1 L de Médium transfert et 4 h de séchage plus tard mon premier test de transfert sur des carreaux soit 64 carreaux est désormais prêt à se révéler, dès le deuxième carreau l’image se détériore et le rendu ne convient pas
Mon attrait pour les Azulejos est assez représentatif de mon rapport au Portugal, il est fantasmé, j’y ai grandi ici et là, par brides quelques mois quelques semaines. Ce qui m’exalte du PT est des plus communs là-bas. Tiag me le rappelle chaque fois. Une sensation familière avec le regard d’un étranger
plus je me renseigne, plus la sublimation est un non-sens. L’irrégularité du glaçage à la colle joue avec la lumière différemment d’un carreau à l’autre. Là-bas, c’est à cela qu’on reconnaît la singularité d’un azulejo fais main de celui d’usine. Le labeur de chaque carreau : découpage, collage, précisions, ponçage, glaçage, ponçage, coupage, m’a permis de « comprendre en faisant » d’apprécier le temps long, carreaux après carreaux.
12 euros le carreau cassé ! J’ai oublié de me faire rembourser, mais je sais maintenant à quoi ressembles mon projet. Sans artifice, sans bout de ficelle
Le résultat est loin du compte. Je continuais d’expérimenter des choses plus abstraites, huile, couteau, grattage. Plus performative : nettoyage, projection vidéo m’éloignant totalement du premier jet. L’impression photo du montage traînais dans ma chambre. Il fallait qu’il existe sur des carreaux. La méthode traditionnelle me paraissait impossible. La finesse des effets additionnée au fait qu’en céramique, je n’y connaissais rien.
Galvanisé par un tuto de 2 minutes expliquant étape par étape le processus de sublimation, je m’y emploie. Munis d’un carreau et d’une impression laser, je sublime a l’aide d’une presse a chaud, 5 minutes à 180 degrés, bien loin de savoir ce que la sublimation nécessite. C’est bien après sur d’obscurs blogs que je découvris ce qu’il me manquait. - une imprimante pour sublimation - de l’encre pour sublimation - des carreaux pour sublimation - du papier pour sublimation
Celui ou la maîtresse me souhaite bon voyage. Celui ou mes camarades sont au courant. Celui où finalement nous ne sommes pas partis. Celui duquel je n’ai jamais parlé. Celui qu’on ne m’a jamais expliqué.
Cette idée prenait la poussière dans mon carnet de prépa, j’y jetais un œil quelques fois par-ci par-là pour trier des idées, les réécrire, en jeter la plupart du temps. J’y retournais aussi pour retrouver l’envie, le sujet, l’angle qui m’excitait à l’époque que je perdais souvent de vue. C’est comme ça que je l’ai vu, elle prenait la forme d’une coquille vide, pas d’idée de réalisation, pas d’images pas de sujets, juste un quadrillage marqué Azul Elle allait peu de temps plus tard s’enrichir de mon voyage au Portugal voir ma mère dans ce pays que je n’avais pas vue depuis mes 14 ans ?